Une nouvelle directrice au Mont-sur-Lausanne !

Interview exclusive de Marlène, à la direction de notre crèche Cap Canaille

Notre crèche du Mont-sur-Lausanne a eu la joie d’accueillir récemment une toute nouvelle responsable. Il est l’heure de vous présenter son parcours et ses ambitions pour cette crèche Cap Canaille :

 

Parcours professionnel illustré de notre nouvelle directrice du Mont-sur-Lausanne

Bonjour Marlène, merci beaucoup d’avoir pris le temps de nous rencontrer et de parler de ton parcours ! Pour commencer, pourrais-tu nous parler un peu de toi et des années qui t’ont menée à Babilou – Cap Canaille ? 

J’ai toujours habité dans la région avec ma famille, mais tout ce qui touche au voyage me plaît depuis l’enfance. Avant de commencer l’ESEDE (Ecole Supérieure en Education de l’Enfance), pour combler une année d’attente, je me suis donc dit que je voulais partir et profiter de ce moment pour découvrir de nouveaux environnements.

Quand j’avais 20 ans, je suis partie pour une mission humanitaire au Togo, dans un orphelinat. J’ai contacté une ONG et ils ont organisé une mission de 6 mois. C’était une expérience incroyable. Je me suis retrouvée dans un orphelinat avec 26 enfants dont la plus jeune avait 4 ans.  On n’avait pas d’eau courante, la nourriture était très différente, je vivais sur place et il y a eu un gros choc culturel.

L’éducation était parfois à l’encontre de tout ce que j’avais connu, il n’y avait peu ou pas de suivi des enfants, les grands s’occupaient des plus petits et même des punitions corporelles. De plus, les adultes avaient un manque total de confiance envers les enfants. J’avais du mal à trouver ma place au sein de tout cela, donc j’ai demandé à l’ONG si c’était possible de travailler avec une autre volontaire. Quand cette personne est arrivée, ça a complètement changé mon expérience. Nous avons pu collaborer ensemble, créer de nouveaux contacts avec les locaux et mettre en place des activités plus adéquates et élaborées.
La vision de l’éducation est très éloignée de la nôtre. Les enfants doivent une obéissance aveugle aux adultes. C’était l’opposé de ce que je pratiquais, où je demandais beaucoup leurs avis et leur opinion. Cela m’a clairement forgée pour la suite et fait ressortir des valeurs, comme le combat face à l’injustice, l’attention et la considération constante pour les enfants.

J’y suis retournée pendant deux mois l’été suivant et des togolais avec qui j’ai gardé un bon contact me donnent régulièrement des nouvelles des enfants.

Photo portrait de Marlène, directrice de notre crèche au Mont-sur-Lausanne

Quel est ton parcours professionnel ?

Assez rapidement dans ma vie, j’ai su que je voulais travailler avec les enfants. J’ai d’abord fait des stages en pédiatrie, mais je me suis vite rendue compte que le côté « soins » ne me convenait pas. Après plusieurs stages en crèches et ces mois au Togo, j’étais certaine de vouloir travailler dans ce domaine, j’ai donc commencé l’ESEDE (École Supérieure en Éducation de l’Enfance) que j’ai effectuée en 3 ans, avec des stages dans plusieurs institutions. Durant mon parcours, j’ai vu qu’une partie de la littérature pédagogique parlait du Canada et, comme je connaissais une étudiante qui venait du Québec, je me suis renseignée sur ce pays et les différentes possibilités qui y existaient.

Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai d’abord effectué des remplacements pour des congés maternités, mais l’idée de travailler dans un autre pays m’est restée. Je suis donc partie à Montréal, d’abord en tant que bénévole, car je n’avais pas obtenu le visa nécessaire. Au bout de quelques semaines, la directrice m’a proposé une place et j’ai pu refaire une demande et commencer à travailler en tant qu’éducatrice là-bas.

 

Comment s’est déroulée cette expérience à Montréal ?

La crèche était assez nouvelle et n’avait pas encore de concept pédagogique bien défini, donc j’ai collaboré avec la directrice pour la mise en place de celui-ci. Cela a été une expérience très riche autant dans la crèche-même que du côté la communication avec les familles. La connexion avec les parents est peut-être plus personnelle qu’en Europe. Nous étions invités aux anniversaires et les familles participaient à nos sorties. J’ai découvert ce qu’était la co-éducation. Cela m’a aussi apporté beaucoup de confiance en moi, car la directrice m’a vite confié des responsabilités et nous avons pu mettre en place un certain nombre de nouveautés pendant l’année et demie que j’ai passée au Québec.

 

Quand est-ce que tu as rejoint les crèches Babilou – Cap Canaille ?

Lorsque j’étais encore au Canada, j’ai commencé à chercher un poste pour mon retour en faisant des entretiens via Skype. J’ai rencontré la responsable des ressources humaines de Cap Canaille directement à mon arrivée en Suisse et j’ai rapidement fait une journée d’essai au Mont-sur-Lausanne. C’était pour le poste de responsable en nurserie et je trouvais que cela cadrait bien avec les responsabilités que j’avais déjà eues au Québec. J’ai donc été engagée en mai 2017 et j’ai vite été mise dans le bain par la directrice de l’époque.

À Montréal, j’avais également eu l’occasion de pratiquer l’anglais et je l’ai retrouvé dans notre crèche. Je trouve que c’est une belle opportunité pour les enfants de découvrir une nouvelle langue au quotidien, cela se fait dans le jeu et avec du plaisir. Vu que les professionnels ne sont pas là pour obtenir une réussite spécifique, pas comme à l’école. Les enfants sont libres de pratiquer le bilinguisme s’ils le désirent et de s’exprimer dans la langue de leur choix. On voit de beaux résultats quand les adultes favorisent ce type d’apprentissage positif.

En fin d’année, on m’a avertie de l’ouverture du poste d’adjointe de direction. Vu que cela faisait très peu de temps que j’étais arrivée, je n’avais même pas pensé à postuler, mais peu après la directrice est venue m’en parler directement et m’a encouragée à tenter le coup. Il y avait un véritable besoin d’une personne qui puisse être là pour travailler en binôme avec elle et avoir plus de contacts avec la direction générale. C’était motivant, car cela voulait dire qu’il y aurait de nouveaux projets à mettre en place et cela me permettrait aussi de me consacrer plus à la pédagogie en elle-même.

Et comment est-ce que cela s’est passé par la suite  ?

Quelques mois plus tard, nous avons changé de directrice, mais cette nouvelle responsable a commencé avec assez peu de jours par semaine au bureau et plus de temps auprès des équipes, donc je me suis concentrée sur un certain nombre de tâches administratives. Peu après, elle a reçu l’heureuse nouvelle qu’elle attendait un bébé. Au fil de la grossesse, j’ai donc eu de plus en plus de responsabilités et, quand nous avons appris qu’elle ne reviendrait pas, on m’a proposé le poste de directrice. Au début, je ne savais pas si j’accepterais, car j’aime encore beaucoup être sur le terrain, avec les enfants. Mais le confinement est arrivé et j’ai eu plus de temps pour réfléchir et l’occasion de gérer cette situation avec l’équipe et la direction générale. Vu qu’il n’y avait pas les enfants, cela m’a donné une idée de ce que pourrait être le travail en bureau et j’ai apprécié ce que nous pouvions quand même créer ensemble. Après de nouvelles discussions, j’ai reçu un appel où notre RH et la Directrice Petite Enfance (son interview ici) m’ont dit que j’avais été choisie pour ce poste.

 

Qu’est-ce qui te plaît dans le métier de directrice de crèche ?

Ce qui me plaît le plus… c’est ce qui touche à la collaboration et à la communication, tant avec les familles qu’avec l’équipe. Sans les familles, la crèche n’existe pas. Les parents sont les meilleures personnes pour nous apprendre comment prendre soin de leurs enfants.

On a tous nos points forts et nos faiblesses, et c’est en valorisant les savoirs de chaque personne de l’équipe que nous pouvons avancer ensemble. Ce sont vraiment des valeurs qui me correspondent et auxquelles je fais particulièrement attention. De manière générale à Cap Canaille- Babilou j’ai l’impression qu’on laisse à chacun la possibilité d’être qui il a envie d’être et de développer nos capacités et nos différentes manières de travailler. Les possibilités qui sont offertes sont très intéressantes également, avec des formations spécifiques qui nous permettent d’être entre professionnels de la petite enfance, mais avec des profils différents qui viennent de plusieurs pays. On nous laisse aussi la liberté de tester ou de changer dans chaque crèche ce qui nous semble nécessaire.

On sait que dans l’éducation, il n’y a rien de parfaitement acquis. On ne peut pas faire « ça plus ça est égal à ça ». Et justement on va toujours se remettre en question. Cela me plaît de me dire que nous sommes en perpétuel recommencement, mais que nous le faisons ensemble.

Mon papa m’a toujours dit que c’était important d’aimer ce que l’on faisait, de prendre du plaisir dans son travail, et j’aime ce que je fais aujourd’hui. Oui, il y a des challenges qui sont impressionnants, une formation à faire en plus, mais il faut que j’assume que j’ai les compétences et que je suis la bonne personne pour ce poste.

Est-ce que tu as des projets que tu souhaites mettre en place ?

Oui bien sûr, notamment au niveau pédagogique ! (consultez notre page pédagogie ici ) Paradoxalement, ce confinement nous a permis de beaucoup avancer sur des projets qui arrivent parfois au second plan dans la vie en crèche. C’est particulièrement important, non seulement pour le développement des enfants, mais aussi pour expliquer aux familles que ce que nous faisons au quotidien, ce n’est pas du gardiennage. Par exemple, quand des enfants du groupe préscolaire ont une serviette pour le repas, et non plus une bavette, il y a des raisons derrière. C’est important de valoriser ce travail effectué tous les jours et la qualité que nous offrons, qui est en lien avec ce travail.

Actuellement je me penche aussi beaucoup sur le suivi, autant des apprentis que des étudiants, car je suis également formatrice, ancienne élève et future diplômée. J’ai vu auparavant des exemples de suivis qui parfois n’étaient pas assez structurés. Ce qui est facile à faire pour les étudiants de l’ESEDE, école par laquelle je suis moi-même passée, est parfois plus difficile pour les apprentis. J’ai envie que nous laissions la place qu’il faut à ces personnes et que le suivi soit bien continu pour eux. Il faut appliquer le même niveau de pédagogie pour ces jeunes adultes que pour les projets que nous menons avec les enfants.

Je me réjouis particulièrement d’avoir le temps de mettre en place les projets qui me tiennent à cœur et que la crèche reste toujours un lieu agréable à vivre !

Merci beaucoup Marlène, pour ce partage, t’être confiée sur ton parcours et toutes ces informations sur l’évolution constante de la crèche !